La vision d’Ezéchiel (1936)
Cantate pour alto solo, chœur mixte, orgue et orchestre. Une première version de cette composition de 1936 est dédiée à Charles Faller qui l’a interprétée l’année suivante.
Elle a été enregistrée au Victoria Hall de Genève le 20 mai 1987, date de la seconde version. Brigitte Balleys, alto solo, la Psalette de Genève, le Collegium Academicum et André Luy à l’orgue, sont sous la direction de Philippe Cart.
Le texte biblique a été adapté par Paul Guénin.
« La Vision d’Ezéchiel représente, dans l’œuvre de Bernard Reichel, une étape, un point d’aboutissement d’une longue période de recherches. Ce n’est qu’après avoir pratiqué longuement la polyphonie et l’harmonie tonale que Reichel s’est attaqué à la pratique beaucoup plus complexe et délicate du chromatisme moderne, où la tonalité ne s’exprime plus par des cadences connues et cataloguées, mais reste cependant l’armature, le fond même de la construction musicale. Ce qui caractérise la musique de Reichel, à part une certaine couleur qui lui est propre, quelque chose à la fois de gaillard et de mélancolique, c’est sa solidité harmonique. Là-dessus on ne saurait trop insister, car les moyens nouveaux qu’il met en œuvre peuvent parfois donner le change et faire croire à certains que c’est là un de ces arts comme on en voit quelquefois, où le hasard est le maître des réussites. On peut être assuré qu’il ne s’agit ici de rien de pareil, que chaque note de cette partition a été mûrement pensée, qu’elle a sa raison d’être et sa valeur propre; qu’elle est par conséquent irremplaçable, comme dans toute musique digne de ce nom. Mais que l’on n’aille pas croire non plus que cette recherche passionnée de fonctions harmoniques et de lignes mélodiques nouvelles soit un jeu de byzantin, au sens que l’on donne communément à ce mot. Par la somptuosité de son harmonie, par le mélange de son sens largement décoratif et de son goût du détail, Reichel est byzantin si l’on veut. Il l’est sans doute par le sens apocalyptique qu’il a mis à traduire en musique cette extraordinaire et hallucinante Vision d’Ezéchiel. »
Frank Martin